Histoire d’hirondelles

nids d'hirondelles saillans LPO

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Une hirondelle ne fait pas le printemps mais le retour des hirondelles annonce bien le retour de la belle saison. Saison des fleurs, mais aussi des feuilles et surtout des insectes. Que serait le printemps sans les hirondelles ? Sans leurs acrobaties aériennes ? Sans leurs pépiements ? Quand elles sont là, nous les remarquons à peine, mais, à coup sûr, leur absence nous manquerait.


Tout le monde connaît les hirondelles, pourtant sont-elles bien connues ? Combien d’espèces avons-nous en Drôme, où vont-elles en hiver ? De quoi se nourrissent-elles ? Pourquoi leurs effectifs ont-ils diminué de moitié ?
Les hirondelles sont des insectivores stricts et capturent leurs proies en vol, elles chassent les insectes les plus abondants (par facilité et non intentionnellement, bien sûr !). Ainsi, elles régulent les insectes prolifiques : serait-ce une sorte d’insecticide volant, sélectif, naturel et gratuit ? On peut le croire ! L’hiver, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, il y a peu d’insectes, surtout bien peu de volants. Les hirondelles, ne trouvant plus de nourriture, doivent partir ; elles migrent au sud, en Afrique, traversant Méditerranée et Sahara. Certaines jusqu’en Afrique du sud, d’autres beaucoup moins loin.
Plusieurs espèces d’hirondelles sont présentes sur la commune de Saillans, ainsi, les plus urbaines sont les hirondelles des fenêtres, Delichon urbicum, qui font leurs nids sous les génoises ; on les reconnaît à leur queue un peu fourchue et assez courte et à leur ventre blanc, de la gorge au croupion. L’Hirondelle rustique, Hirundo rustica, fait des nids plus ouverts dans la partie supérieure, en forme de cuvette, et, en vol, leur queue longue et très fourchue en forme de filets fins est bien reconnaissable ; de plus, leur gorge est rouge. Une autre espèce, sans doute un peu moins connue, l’hirondelle des rochers, Ptyonoprogne rupestris, fréquente les falaises des Trois Becs (entre autres) ; grise et trapue, elle ne vient pas ou peu en ville. C’est une « montagnarde », bien que l’on puisse en voir à toutes les altitudes, dans le sud de la France, dès qu’il y a des falaises.

Je vais vous parler de la première, l’hirondelle des fenêtres, celle dont les nids ont fait l’objet d’un remplacement à Saillans. En effet, rue Portal du Moulin, des travaux de renouvellement d’un câble électrique devaient se faire. Problème : des hirondelles avaient élu domicile sur ce câble et sous les génoises ! Un support bien pratique que nos amies ailées ont utilisé judicieusement, nécessitant moins de matériaux de construction et à l’abri des intempéries et du soleil (au moins en partie). Dix-neuf nids y étaient présents et allaient être détruits. La LPO Drôme a été contactée pour trouver une solution. Bien évidemment, la LPO a tout de suite répondu et le remplacement par des nids artificiels solides et bien adaptés est apparu comme la meilleure contrepartie.
Une réunion « sur le terrain » a eu lieu, en présence du chef de chantier de l’entreprise Eiffage, du propriétaire et de moi-même, représentant la LPO 26. Après quelques discussions sur le problème des déjections em… bêtantes, nous nous sommes accordés sur les bienfaits de nos oiseaux et la LPO, par mon intermédiaire, a proposé l’installation, en même temps que les nids, de planches anti-salissures qui seront fixées au-dessous. Le propriétaire a accepté et, pour faciliter le nettoyage, a demandé que les planchettes soient mises au niveau de la fenêtre du grenier.
C’est ainsi que ce vendredi 9 mars à 8h30, une équipe de l’entreprise Eiffage a fixé les fameux nichoirs que je leur ai apportés. Une voisine est rassurée, elle me dit avoir craint de ne plus voir le réjouissant ballet aérien des hirondelles et de ne plus suivre leur reproduction en face de chez elle. Des passants se sont arrêtés, intrigués par cette nacelle qui est revenue alors que les travaux semblaient être terminés. Je leur ai expliqué qu’il est important de conserver les sites de reproduction des hirondelles car, en France leurs effectifs ont diminué de moitié en quelques décennies. Les produits chimiques insecticides non sélectifs les affament, les ravalements de façades les transforment en SDF et empêchent leur reproduction, l’imperméabilisation des terrains par le goudron ou le béton fait qu’il leur est plus difficile de trouver de la boue pour la construction de leurs nids, leur destruction sur leurs lieux d’hivernage complète le tableau. C’est pour cela que, dès qu’on le peut, notre devoir avicole est de les aider. Les curieux ont continué leur chemin, satisfaits de savoir que l’on pense aussi aux oiseaux.
En fin de matinée, tout était en place, les nids et les planchettes étaient posés.
Voilà comment une entreprise de travaux publics et une association de protection de la nature ont pu collaborer en bonne intelligence après une concertation avec le propriétaire.
Reste aux hirondelles à investir les lieux et faire leur travail : nous débarrasser des « ravageurs envahisseurs » et se reproduire dans leur « lotissement » tout neuf.
Allez, les petites, à vous de jouer !

 

par Gilbert DAVID, président de la Ligue pour la protection des Oiseaux Drôme (LPO 26)*
*Dossier suivi par Julie Coutout, salariée de la LPO Drôme et Dominique Ducrocq, vice-président, référent Hirondelles.