Cérémonie du 21 juillet 2017
A la demande de certains d’entre vous, voici les discours qui ont été prononcés lors de la commémoration du 21 juillet au mémorial du tunnel, puis celui d’Espenel (qui eu lieu au village vu les conditions météorologiques ).
1° DAVID GOURDANT
Les terribles souffrances endurées par nos ainés,
En ce jour du 21 juillet 1944,
Sont venues s’ajouter à la vaste et morbide collection d’évènements liés à la seconde guerre mondiale…
Au lendemain de ces évènements d’une barbarie insoutenable,
Alors que les peuples d’Europe apprenaient toute l’ampleur des destructions,
Des extrêmes auxquels ont été poussés la violence et les massacres à travers tout le vieux continent,
Les nations d’Europe ont alors crié d’une seule voix : « Plus jamais ça ! »
Plus jamais l’Europe ne devra être confrontée à une telle horreur,
Plus jamais les peuples d’Europe ne devront connaître de telles divisions,
Plus jamais nous ne nous laisserons aveugler par la monté de l’extrémisme,
Plus jamais nous ne faillirons aux valeurs humanistes et fraternelles que cette même Europe avait enfantées un siècle plus tôt.
Cette guerre a été la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité,
En particulier par le nombre de civils tués, premières victimes de cette macabre radicalisation. C’est en tirant toutes les leçons de cette guerre, que le 9 mai 1950, se fera entendre la déclaration de Schuman :
Les gouvernements souhaitant œuvrer à l’unité et à l’édification d’une communauté européenne, feront en sorte de rendre non seulement la guerre impensable, mais matériellement impossible…
L’Union Européenne a pu garantir la paix en Europe.
Ce constat est indéniable.
Elle s’active aussi sur le plan international, comme la percée qu’elle a obtenue dans les négociations sur le nucléaire iranien, ou le vote pour mettre fin à la vente d’armes à l’Arabie Saoudite…
Mais elle se retrouve trop souvent en porte-à-faux par son alliance avec l’OTAN, et les nombreuses implications militaires décidées par son commandement.
Des implications qui nous dépassent, qui se décident dans la plus grande opacité, alors qu’il nous arrive d’en souffrir les terribles conséquences…
Le 5 juillet nous avons suivi les obsèques d’une éminente partisane du projet européen, Mme Simone Veil, rescapée de la Shoah.
Des obsèques qui furent accompagnés par un chant symbolique : « Le Chant des Marais ».
Ce Chant des Marais, appelé aussi « Chant des déportés », écrit par des allemands, en 1933.
Ces allemands antifascistes qui furent les premières victimes des camps de concentrations nazis…
Bien que déportée dans le camp d’Auschwitz, et ayant vu une partie de sa famille mourir des conséquences de l’holocauste, cette grande dame a milité très tôt pour l’établissement d’une union européenne, dans le but d’une paix durable.
L’Europe était son principal combat politique, sa conviction pour le projet européen était profondément enracinée, elle qui fut la première présidente du premier Parlement européen, élu au suffrage universel.
En ce jour du 21 juillet, qui marque un des évènements les plus marquants de la guerre dans l’histoire de nos communes de Saillans et d’Espenel, nous souhaitons avant tout honorer celles et ceux qui ont été les victimes de cette Europe en proie aux divisions et au fascisme.
Que leur sacrifice n’ait pas été vain, et que le souhait de ceux qui leur ont survécu continue d’animer nos plus profondes aspirations :
Celles des peuples d’Europe unis par l’entente et la volonté de travailler ensemble, pour une paix durable, aujourd’hui plus que jamais…
2° Vincent BEILLARD
Cet instant de souvenir, de résistance, doit toujours nous interroger sur notre quotidien, celui qui nous fait hommes et femmes, citoyens français et au-delà de nos frontières citoyens du monde.
Le décès de Simone Weil nous a fait à nouveau découvrir l’incroyable parcours d’une vie.
Une vie de femme meurtrie, amputée par l’histoire, mais une vie de résistance, de non-résignation.
Simone Veil n’était pas dans le pathos, résignée à être une éternelle victime.
Elle a combattu de tout temps, et contribué à écrire une nouvelle page de l’histoire.
Cette histoire, c’est la construction européenne.
L’histoire retient un grand et courageux combat : la loi pour le droit à l’avortement.
Mais ce qu’il lui tenait à cœur, son combat de tous les jours, c’était la construction de la Paix qui passe par une Europe unie.
Certes l’Europe n’est pas parfaite. L’Union Européenne n’est pas un projet abouti, et malgré ses imperfections, elle nous a apportée des avancées, environnementales, culturelles, et aussi protectrices.
En ce jour où nous rendons hommage à toutes les victimes de la guerre, enfants, hommes et femmes du pays de Saillans qui ont perdu la vie pour défendre notre liberté, et à tous ceux qui, vivants, ont résisté à l’absurde, notre devoir est de leur témoigner, que nous aussi, au quotidien, nous œuvrons pour la paix.
Au quotidien, dans l’éducation de nos enfants, au sein de notre couple, dans l’attention à l’autre, l’effort de maintenir une bienveillance avec nos voisins.
Car oui, vivre ensemble, tous ensembles, demande un effort.
Nous savons où nous mènent le relâchement, le renoncement.
Ne plus faire société nous enferme, la peur vient nous confiner pour finalement nous isoler.
La paraisse nous aigri, la colère et les rancunes s’accumulent … jusqu’à nourrir la haine, puis la violence … et viendra un jour, de nouveau la guerre.
Alors oui, ce rendez-vous du 21 juillet, comme ceux du 08 mai et du 11 novembre, prennent tous leurs sens, car ce rappel à la mémoire de nos ainés doit s’incarner dans le présent, ici et maintenant !
C’est de notre responsabilité de faire l’effort quotidien de construire la paix : chez soi, autour de nous, ailleurs dans le monde.
Alors oui, l’Europe nous laisse parfois dans un état d’impuissance et de détresse insupportable, résumé par le mythe de nous faire croire que la croissance économique à l’infini pourrait être encore la réponse à tous nos maux, alors que notre planète a une finitude, elle est unique et non renouvelable.
Ensemble résistons, écrivons l’histoire de demain pour le meilleur.
Edifions, à l’échelle planétaire, des sociétés effectivement démocratiques, civilisées et conviviales, unies par l’entente et la volonté de travailler ensemble, pour une paix durable, aujourd’hui plus que jamais.
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