Compte-rendu du Grand débat national à Saillans du 19 février 2019
GRAND DÉBAT NATIONAL
SAILLANS (26) – 19 FÉVRIER 2019
Préambule
L’association « Le Forum » située à Saillans (Drôme) a organisé un débat dans le cadre du grand débat national sur le thème « l’organisation de l’État et des services publics ». La communication a été faite dans les journaux locaux, sur le site de la mairie ainsi que par l’affichage de « Flyers ». D’une durée de deux heures, un temps de parole sur des sujets libres était proposé en deuxième partie. 62 personnes y ont participé, dont une dizaine de personnes extérieures au village, pour environ 1200 habitants à Saillans.
Le débat a été ouvert à toutes et tous, ce qui a permis des remontées individuelles, et non avec des tables rondes ayant chacune un rapporteur.
I – Services publics
Réflexions d’ordre général :
– Les services publics constituent la colonne vertébrale de notre société. Ils enrichissent le pays et doivent donc être développés et non amoindris.
– Une diminution des moyens financiers qui y sont consacrés est notée, avec des services qui ne se développent pas et des moyens humains insuffisants pour répondre à la demande.
– Les fonctionnaires sont peut-être mal employés et mal répartis. Il ressort le désir d’avoir une idée globale de « qui fait quoi » dans chaque service (qui est sur le terrain chez les militaires, qui est soignant parmi le personnel hospitalier…).
– Quel prix est-on prêt à payer pour cette qualité de vie, ce choix de société, cette solidarité ?
– Certains souhaitent transformer le système en opérant des répartitions par région, comme pour les « land » en Allemagne.
– Il apparaît un rejet global de l’e-administration qui tend vers une société déshumanisée. Une solution intermédiaire a été évoquée avec des agents présents dans les MSAP voire au travers de vidéoconférences.
– Les maisons de service au public n’appauvrissent-ils pas notre service public en général ? En effet, beaucoup de postes sont supprimés dans les services publics qui sont remplacés par les MSAP. L’État, étant responsable du service public, semble se décharger de ses responsabilités.
– Le monde évolue-t-il dans le bon sens ? Les nouveaux services au public semblent être parfois contraires aux bonnes pratiques écologiques imposant des déplacements sur de longues distances.
– La France est pays le plus taxé d’Europe (31% du PIB affectés à la dépense publique, plus que la moyenne des pays de l’OCDE). Si l’on devait rajouter des fonctionnaires, la question se poserait de savoir comment les financer.
Propositions :
– Faire un Grenelle de la fonction publique locale pour augmenter la qualité et la performance des services.
– Augmenter le nombre d’agents locaux et développer les moyens humains de proximité.
– Redonner la possibilité d’effectuer certaines démarches dans les mairies (passeport, carte identité…) afin de limiter les déplacements souvent sur de longues distances.
– Maintenir les services existants et arrêter de les supprimer, car lorsqu’ils disparaissent d’un territoire ils ne reviennent plus (hôpitaux, trains…).
– L’État doit rendre compte de l’utilisation de l’argent dépensé pour les services publics.
– Placer des citoyens en position de contrôle de la répartition de l’argent et avoir de la visibilité sur les dépenses.
– L’administration doit rendre des comptes sur la qualité du service rendu par rapport aux objectifs, et ne pas se limiter à de simples évaluations financières.
– Diminuer les hauts salaires de la collectivité territoriale pour augmenter le nombre de fonctionnaires.
– Mieux lutter contre l’évasion fiscale pour réinjecter des moyens dans les services.
– Remettre en place l’ISF et réinvestir l’argent dans les services publics.
Réflexions sur le milieu hospitalier :
– Un témoignage fait remonter des situations de maltraitance en EHPAD, en raison en partie d’un personnel mal formé et d’un manque de spécialistes.
– Les agents sont estimés comme étant mal rémunérés. Mais est-on prêt à payer plus d’impôts ?
– Peut-on déplorer la fermeture de services qui ne sont plus assez utilisés ou considérés comme étant inadaptés (exemple : la maternité de Die).
– Les services informatiques des hôpitaux ne fonctionnent pas bien. Il y a des problèmes d’accès aux dossiers d’un service à un autre.
– L’augmentation du nombre de personnes âgées et de leur durée de vie inquiète quant à leur gestion future.
– Diminution constatée du personnel du service hospitalier. Seulement deux en médecine à Valence le week-end du 16/17 février 2019.
– Un hôpital est payé au forfait (nombre de prises de sang ou autres opérations…). La prise en charge s’avère de ce fait parfois moins bonne et les patients ne sont souvent pas gardés assez longtemps.
– Le service des urgences des hôpitaux est trop engorgé, trop souvent par des personnes dont la situation ne nécessite pas de solliciter ce service.
– Il n’y a plus de médecins de garde, ou alors très rarement. Leur présence permettrait peut-être de désengorger le service des urgences via un appel préalable.
– Garder ses parents chez soi plutôt qu’en maison de retraite. Être moins individualiste et faire passer la solidarité avant le train de vie.
Propositions :
– Augmenter le nombre de spécialistes et de personnels soignants, mettre en place des formations adaptées afin de limiter les cas de maltraitance dus à du personnel mal formé.
– Former plus de personnes au brevet de secourisme (PSC1).
– Imposer des affectations aux jeunes médecins pendant quelques années afin d’éviter les déserts médicaux (en échange, par exemple, du financement de leurs études par l’État).
– Salarier des médecins pour éviter les déserts médicaux.
– Mettre en place des banques de données des savoirs et des compétences comme cela existe déjà dans certaines régions et les essaimer.
– Développer la médecine préventive qui serait une source de gain.
– Mettre en place un passeport santé dans le cadre de la prévention (imposer, par exemple, 5 minutes de gymnastique le matin comme cela se fait au Japon) et octroyer en contrepartie un avantage fiscal.
– Former les soignants et les aidants dans l’éducation relationnelle (personnes en fin de vie, personnes âgées…).
Réflexions sur l’enseignement :
– L’École est traitée comme une entreprise, au détriment des élèves.
– Trente années que l’on réduit le nombre d’enseignants, sans remplacements des départs en retraite.
– Mauvaise intégration des enfants handicapés qui doivent parfois s’éloigner de leur famille pour trouver des établissements d’accueil spécialisés.
– Manque d’auxiliaires de vie scolaire. Une intervention indique qu’avant il n’y avait pas d’AVS et que cela était pris en charge par les instituteurs.
– Danger d’une éventuelle privatisation de l’éducation, en particulier par l’accroissement de la demande en cours particuliers privés (du style Acadomia) pour pallier aux manques de l’Éducation nationale.
– Système scolaire inégalitaire, écart qui se creuse entre pauvres et privilégiés.
Propositions :
– L’éducation doit être considérée comme une grande cause nationale.
– Effectuer des jumelages pédagogiques par rotation des enseignants et des élèves dans les structures considérées comme « faibles » et « fortes » afin de ne pas voir se développer des ghettos scolaires. Certains pensent que l’idéal serait de disposer d’une uniformité nationale dans le niveau des établissements afin d’éviter d’ y mettre des « pansements ».
– Augmenter le nombre d’AVS.
II – Organisation de l’État
Réflexions :
– Les frontières entre les trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire semblent devenir de plus en plus floues, en particulier face au projet de loi anticasseurs. C’est un sujet d’inquiétude quant à l’indépendance des juges.
– Une personne propose de supprimer le sénat, d’autres de diminuer le nombre de députés et d’autres encore d’augmenter leur nombre afin d’avoir plus de représentation citoyenne.
– Besoin ressenti de réappropriation de la politique par le peuple.
– Le rôle des maires est devenu flou, on ne leur donne pas assez la parole.
– Il faudrait plus de démocratie participative. Si ce système s’étendait partout, il y aurait alors une prise de conscience collective.
– Les communautés de communes dépossèdent complètement les maires de leurs pouvoirs (exemple : les conteneurs publics à Saillans).
– Les intercommunalités, qui ont pour objectif de mutualiser les moyens, posent le problème de représentativité de communes de taille différentes.
– Attention à ne pas créer des divisions pour mieux régner dans les questions du débat : région, département : lequel tu préfères ?
Propositions :
– Se réapproprier la politique à tous les niveaux en mettant en place des représentants locaux.
– Redonner du pouvoir aux communes, premier échelon territorial. Pour certains, supprimer le niveau des communes devant le pouvoir des intercommunalités qui augmente.
– Avoir un député par département accompagné de 2 citoyens rémunérés tirés au sort.
– Avoir un sénateur par région accompagné de 2 citoyens rémunérés tirés au sort.
– Décentraliser les pouvoirs.
– Prendre en compte l’abstention et le vote blanc pour retrouver un système plus représentatif.
– Retour à un système d’élection se rapprochant de celui de la IVème République.
– Élection des représentants des intercommunalités directement par les citoyens.
– Création de structures de quartiers pour mieux faire participer les citoyens.
– Mieux contrôler les dépenses des députés et des attachés parlementaires.
– Diminuer le train de vie des députés et des sénateurs. Contrôler leurs frais ainsi que ceux des assistants parlementaires.
– Donner l’égalité des temps de parole sur les chaînes publiques pour toutes les opinions politiques.
– Diminuer pour certains le nombre de députés, l’augmenter pour d’autres afin d’avoir une meilleure représentativité territoriale.
III – Divers
– On ne peut exprimer dans une telle consultation que des besoins ou des envies en tant que citoyens. Il est difficile de se prononcer sur des solutions lorsque l’on n’est pas spécialiste du sujet.
– On veut une nouvelle société, or celle-ci crée de moins en moins d’emplois.
– Demande d’une nouvelle répartition des richesses et de choix de société.
– Nécessité d’avoir de la visibilité sur la répartition des moyens financiers et humains de l’État.
– Les élites sont déconnectées. Les placer en immersion quelques temps sur le terrain.
– Baisser le train de vie des hommes politiques.
– Opérer une meilleure répartition des richesses.
– Remettre en place l’ISF.
– Inquiétudes sur le pouvoir d’achat et immobilier chez les jeunes.
– Où est l’écologie dans le grand débat ?
– Où sont les jeunes ? (aucun jeune de moins de 30 ans n’était présent durant ce débat).
– Problème soulevé des inégalités avec les « fils de » (médecins…)
– Rendre publiques les dépenses du gouvernement liées aux réceptions (champagne, petits fours…).
– Inverser le triptyque : « liberté égalité fraternité », « fraternité » devant être placée en premier (une personne).
– Mettre plus d’égalité dans le montant des retraites (une personne).
A noter une intervention de gilets jaunes en début de séance pour faire part de leur mécontentement vis-à-vis du grand débat national.
Ceux-ci proposent de mener d’autres débats à l’avenir, en sortant du cadre institutionnel qui leur semble trop orienté. Une consultation au travers d’une plateforme alternative à celle du grand débat national est évoquée : « le vrai débat ».
Les organisateurs n’ont pas porté de jugement sur cette intervention, mais ont simplement fait remarquer qu’elle sortait du cadre qu’ils avaient mis en place. Une partie du public a vivement réagi et certains sont sortis de la salle.
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